Un très bref aperçu de la vie de Diogène : il vivait dans un tonneau, mangeait de la pieuvre crue et des lupins.
Il proclamait: "
Kosmo polites eimi." "Je suis un citoyen du monde.",et comparait ses voyages à travers la Grèce à la migration des cigognes...

Paysage et pensée paysagère

Je vous recommande la lecture d'un ouvrage qui s'intitule "La pensée paysagère" d'Augustin Berque. Collection Crossborders édition Archibooks.
Extrait...

Les témoins de la naissance du paysage

Pourquoi « naissance », plutôt par exemple qu'invention du paysage ? Parce que je n'aime pas ce vocabulaire constructiviste, qui mène à penser que le paysage serait une pure création du regard humain. Le paysage n'est pas dans un regard sur des objets, il est dans la réalité des choses, c'est-à-dire dans le rapport que nous avons avec notre environnement. Cela sera précisé plus loin. Ici, j'invoquerai seulement Platon, qui, dans le Tintée, appelle genesis (naissance) la réalité du monde sensible [kosmos aisthêtos] dans lequel nous sommes plongés. Cela convient fort bien à la réalité du paysage, réalité qui est effectivement née à un certain moment de l'histoire.
Mais comment dater une telle chose ? Sans parler de ceux pour qui le paysage a toujours et partout existé, les désaccords sont grands à propos de son apparition ; notamment quant à savoir si les Romains avaient ou n'avaient pas cette notion. Ces désaccords sont souvent des dialogues de sourds, faute de témoins objectifs permettant de comparer entre elles, sans ethnocentrisme et sans anachronisme, des cosmophanies différentes.Il fallait en sortir. J'ai adopté pour cela d'abord quatre, puis cinq, puis six critères (voire sept, car le premier se dédouble), sans lesquels on ne peut selon moi parler à bon escient de paysage à propos de telle ou telle culture. Ce sont les suivants, par ordre de discrimination croissante : 1. une littérature (orale ou écrite) chantant la beauté des lieux ; ce qui comprend (1 bis) la toponymie (en français par exemple: Bellevue, Mirabeau, Belœil, etc.) ; 2. des jardins d'agrément ; 3. une architecture aménagée pour jouir d'une belle vue ; 4. des peintures représentant l'environnement ; 5. un ou des mots pour dire « paysage » ; 6. une réflexion explicite sur « le paysage ». Le critère que j'ai adopté en dernier (ici le n° 3) l'a été après la lecture de Javier Maderuelo, qui s'est attaché notamment au côté architectural de la chose ; mais les travaux de Toriumi Motoki sur l'invention du balcon à Paris, lors de la Renaissance, m'avaient déjà mis la puce à l'oreille.